C’est brillant, mais “qu’est-ce que c’est?” David Byrne au Days Off !

Via Ladepeche.fr

GERIT BORTH

(AFP) - La tête et les jambes: l'ex-Talking Heads David Byrne n'a pas dérogé à sa réputation d'artiste unique, capable de conceptualiser un concert entier, entre décor et chorégraphies minimalistes, tout en faisant danser le public aussi exigeant que statique de la Philharmonie, mardi à Paris.

Neuf ans ont passé depuis le dernier passage de Byrne dans la capitale. A l'époque, il n'avait pas rempli l'Olympia. Si bien que les festivals français ne se sont pas bousculés pour programmer l'Ecossais naturalisé américain cet été, malgré le gros buzz positif né de ses concerts à Coachella en avril.

Bien en a donc pris le Days Off, qui a surtout attiré quadras et quinquas, tous nostalgiques de la glorieuse époque où Byrne, ce chanteur au regard inquiétant, mena les Talking Heads au sommet d'une pop mutante, intelligente et dansante, entre 1975 et 1991.

Selon des études récentes, l'exercice physique et notamment la danse empêcheraient le cerveau de décliner en produisant de nouveaux neurones. Est-ce là ce que voulait induire Byrne d'entrée avec "Here" où il exhibe un cerveau tenu dans ses mains ?

"Here the sound is organised into things that make some sense", "Ici, le son est organisé de telle façon que ça donne du sens". Voilà ce que dit cette chanson issue d'"American Utopia", son excellent album sorti au printemps.

Ce soir, la musique sera bien cérébrale, réflexive, conceptuelle. Mais elle circulera aussi irrésistiblement du cortex auditif jusqu'au mollets, comme le prouve "Lazy" sur laquelle apparaissent, en fendant le rideau de cotte de mailles, onze musiciens et choristes, eux aussi tous vêtus de costumes gris, tous pieds nus.

Rapidement, la funky-pop se mêle de hip hop sur "I Zimbra", première des huit reprises des Talking Heads qui balaye toute retenue arty dans l'assistance déjà debout dans la Philharmonie. Du quasi jamais vu.

- Force motrice -

Sur "Slippery People", le chanteur de 66 ans danse, se dandine tantôt pantin, tantôt robot, se cache derrière ses percussionnistes. Façon modeste de rappeler qu'il fut un des premiers à puiser en Afrique, en Amérique latine de quoi colorer sa pop et lui donner de la chaleur.

"Everybody's coming to my house", son formidable single récemment sorti, montre que Byrne n'a rien perdu de sa force motrice. Face à lui le public tente de l'imiter dans sa gestuelle. On se croirait dans un parc new yorkais en pleine séance tai-chi.

Après un "This must be the Place" de rigueur, "Once in a Lifetime" offre un premier climax sonore avec sa batterie électronique très 80´s et sa sirène en fond assez oppressante. Byrne est désormais un prédicateur qui tient à peine en équilibre, emporté par la puissance de ce titre phare des Talking Heads.

Moins connu, "Born Under Punches" a le grand mérite de rappeler toute l'influence qu'a eue son groupe sur de nombreux rejetons tels Arcade Fire. Pour ceux qui vouent un culte à "Reflektor", voici son inspiratrice.

Après un léger creux de quelques chansons, sauvé par la grâce de chorégraphies inspirées, la pop a retrouvé son souffle funky sur "Blind" porté par des cuivres et bongos omniprésents.

Mais c'est "Burning Down the House" qui a été le grand moment de la soirée avec sa grosse batterie qui claque. L'ovation qui a suivi était amplement méritée, tout comme celle après "The Great Curve" en rappel avec cette étrange impression d'entendre et voir Prince, période "Parade", chez son guitariste.

Alors, non, il n'y a pas eu les tubes "The Road to Nowhere" ou "Psycho Killer". Mais qu'est-ce que c'était bien...

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